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Quand on se jette tête, corps et cœur les premiers dans un parcours aussi prenant que celui de la chirurgie bariatrique, on se surprend à vivre des choses dont on ne se serait jamais douté.
Qui aurait pensé, lorsqu’il était en attente de sa « date de chirurgie » que dans quelques mois, le miroir ne lui renverrait pas pantoute l’image qu’il rêvait de voir depuis aussi longtemps qu’il pouvait se rappeler.
Toute ma vie, j’ai voulu avoir un corps plus mince. D’abord, parce que j’ai grandi dans une société où c’était valorisé esthétiquement, socialement et d’un point de vue de la santé. Dans les années 90, époque charnière durant laquelle l’adolescente que j’étais, devenait l’adulte que je suis, nous avions l’embarras du choix : Les Spécial K, Weight Watchers, les Nutribars, Montignac, la soupe à l’oignon, le jeûne, name it. Ce n’était pas les moyens qui manquaient.
Comment auriez-vous voulu que j’accepte mon corps, que je glorifie mes courbes, que je me construise autrement que de la façon dont je me suis construit?
Quand je suis devenue une jeune adulte, nous sommes au début des années 2000, ce sont les jeans taille basses qui sont hot ! Le début de la vie adulte, c’est de mettre en pratique ce que nous avons appris pour tenter de fonctionner de façon autonome. C’est aussi de prendre sa place dans le monde, en fonction des valeurs et de notre bagage. Je suis en appartement, je travaille en même temps que je suis aux études. Je découvre ce que je veux être dans la vie. Mais jamais ce désir d’avoir un corps plus mince ne me lâche.
À 20 ans, dans ta gang d’amies, c’est toujours les plus minces qui pognent le plus. Les modèles de minceur sont hyper présents partout. Je suis une adulte, je fais ce que je veux, comment auriez-vous voulu que j’accepte mon corps, que je glorifie mes courbes. Moi aussi je voulais « pogner ».
Et au fil des régimes, le yoyo fait son œuvre, mon pauvre corps enregistre toutes les données. Les grossesses, les épreuves de la vie, tout s’enregistre dans mon corps, y inclus le fait que jamais je ne l’ai aimé comme il était. Je voulais un corps mince. Pourquoi c’était si illégitime ? Pourquoi moi je n’y avait pas droit ? Pourquoi moi il aurait fallu que j’accepte tout ce qui vient avec le fait d’être gros alors que j’aurais pu être mince et que ce soit facile ? C’est ça qui se passait dans ma tête, des années durant.
Puis, un jour, à mes 39 ans, j’ai essayé une dernière ultime tentative d’avoir un corps mince. Motivée évidement par un désir d’être en bonne santé longtemps, ça parait mieux quand on dit que c’est pour la santé on dirait. Avoir recours à une chirurgie bariatrique pour enfin avoir le corps mince dont j’ai toujours rêvé, on dirait que c’est pas une motivation légitime. Une fois, j’ai osé le dire à voix haute, vous auriez dû voir le carnage…
Puis, un jour, des mois plus tard, après 41 années à l’attendre, j’ai enfin eu ce corps mince !!!
Puis un jour, ta voiture arrive, et elle n’est pas la couleur que tu pensais, le moteur fait du bruit, elle consomme beaucoup, et y’a une drôle d’odeur dans les sièges. Bref, c’est pas pantoute ce que tu pensais, et t’es déçu. Mais DÉÇU !
Après avoir tant sacrifié, ce serait plate de s’en plaindre n’est-ce pas. On a tellement « écœuré » nos proches avec ça que d’admettre qu’on n’est pas satisfaits, ça ne passerait pas super bien.
Mon corps mince, je l’ai eu ! Il ne ressemble pas du tout à celui dont je rêvais. Ce n’est pas la bédaine d’Alicia Silverstone, ni celle de Gerry Halliwell ! Je ne ressemble pas à la découpure de revue de la fille musclée que j’ai eu de collée sur mon frigo pendant 2 ans.
Ce n’est pas mon corps à moi.
À part mes tâches de naissance et la couleur de mes yeux, y’a rien qui se ressemble. Je ne me reconnais plus. Les gens ne me reconnaissent plus. Je suis un peu perdue devant le miroir parce que je ne comprends pas ce que je vois. Je ne comprends pas.
J’aurai aimé qu’on me parle de ça avant d’entreprendre ma démarche. Mais je voulais tellement avoir un corps mince, que peut être que je n’aurais pas écouté, même si quelqu’un me l’avait hurlé dans les oreilles. Et si on me l’avait dit autrement, qu’on m’y avait préparé, peut-être qu’aujourd’hui, je serais un peu moins perdue…
Alors je te le souffle à l’oreille, toi qui penses à prendre ce chemin. Je serai là tout au long de la route pour te rappeler que c’est normal ce qui se passe en toi. Tu finiras par éventuellement te retrouver. Quand on est bien guidée, on ne reste pas perdue pour toujours.