Chirurgie bariatrique équipe

La chirurgie bariatrique : qui ne devrait pas se faire opérer?

Il existe des critères techniques pour avoir accès à une chirurgie bariatrique : il s’agit de critères d’admissibilités pour référer à une équipe de chirurgie bariatrique. Il existe aussi des critères d’exclusion, des contre-indications.

La perte de poids est l’un des buts thérapeutiques après une chirurgie bariatrique. Bien que la perte de poids puisse être bénéfique dans plusieurs situations, la perte de poids n’entraîne pas automatiquement une amélioration de la santé : il est donc important qu’une évaluation complète soit fait avant la chirurgie bariatrique. Dans certaines situations, la chirurgie bariatrique ne devrait pas être une option thérapeutique à envisager et ce, indépendamment du poids.
Vous répondez aux critères d’accès, d’accord, mais est-ce le bon choix pour vous?

Les critères d’exclusion en chirurgie bariatrique sont les situations où l’intervention chirurgicale ne devrait pas être envisagée puisque les risques associés sont plus grands que les avantages potentiels. Deux sortes de critères d’exclusion existent telles que définies par les organismes œuvrant en obésité morbide: les contre-indications absolues ET Les contre-indications relatives.

Les contre-indications absolues à la chirurgie bariatrique

Les contre-indications absolues à la chirurgie bariatrique sont :

  • Souffrir d’un trouble de santé mentale* aigu ou instable : il n’y a pas de critères clairement définis à ce niveau tant au niveau des maladies psychiatriques, qu’au niveau des troubles du comportements alimentaires (TCA). Cependant, la capacité à suivre le plan de traitement après la chirurgie tant au niveau de l'alimentation, de l'activité physique et de la prise de suppléments en vitamines et minéraux est à considérer.
  • Souffrir d’une dépendance à l’alcool ou aux drogues : l’abus d’alcool est un critère d’exclusion, mais il n’y a pas de nombre de consommations maximal définis dans la littérature scientifique.
    Dans le cas de consommation de narcotique et/ou fibromyalgie, il est préférable d’éviter une chirurgie bariatrique de malabsorption;
  • Être atteint de certains diagnostics médicaux pourraient être considérés comme trop risqué comme dans le cas de personnes atteintes de cirrhose Child B ou C, souffrant d’hypertension portale sévère ou souffrir d’une pathologie cancéreuse évolutive (le type de cancer, les traitements requis, les risques de récidives et l’espérance de vie sera pris en considération dans l’évaluation).
  • Avoir un indice de masse corporelle (IMC) < 35 kg/m2;
    Depuis août 2020, au Canada, la chirurgie bariatrique peut être envisagée chez les individus dont le diabète de type 2 est mal contrôlé malgré une gestion médicale optimale, et qui ont un IMC de 30 à 34,9.
    En ce qui concerne l’IMC, il est à noter que plusieurs chirurgiens peuvent décider d’opérer même si l’IMC est inférieur à 35. Cette situation survient si la personne est activement en perte de poids depuis la demande (le temps d’attente peut parfois se compter en années dans le système de santé québécois).

 

Par exemple, au moment de la demande, vous aviez un IMC de 41, et au moment de la rencontre avec le chirurgien, votre IMC est de 34. Vous avez entamé des changements d’habitudes de vie, et le poids sur la balance diminue. Pourquoi se faire opérer alors? Parce que l’obésité morbide est une maladie chronique. Bien sûr la chirurgie bariatrique fait perdre du poids. Mais elle permet aussi de maintenir la perte de poids. Il faut bien entendu bien utiliser cet outil, puisqu’il s’agit bien d’un outil et non pas d’une baguette magique!

Chirurgien chirurgie bariatrique

 

 

C’est donc dire que perdre du poids avant la chirurgie est à encourager si celle-ci est fait de façon saine, même si suite à cette perte de poids, l’IMC est en dessous de 35.

Les contre-indications relatives à la chirurgie bariatrique

En ce qui concerne les contre-indications relatives, il faut peser les avantages et les désavantages: on parle alors de gestion de risque. Voici certains éléments à considérer :

  • En présence d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (dont la maladie de Crohn), une chirurgie bariatrique de type gastrectomie verticale (Sleeve) sera probablement envisagé par rapport à un Roux-en-Y (Bypass gastrique) ou une dérivation intestinale (DBP ou SADI). Un suivi nutritionnel peut être pertinent pour limiter les symptômes.
    À noter, une hernie hiatale ou une hernie paraoesophagienne n’est pas une contre-indication à la chirurgie bariatrique.
  • Chez la personne en attente de greffe ou ayant été greffé, chez les personnes atteintes du VIH/SIDA et chez les personnes ayant des pierres aux reins (néphrolithiases), les chirurgies bariatriques de malabsorption sont contre-indiquées. La gastrectomie verticale (Sleeve) est donc à privilégier avec un suivi nutritionnel.
  • Une personne souffrant de reflux gastro-œsophagien sévère (RGO) ou la personne avec un œsophage de Barrett devrait éviter la gastrectomie verticale (Sleeve) et privilégier un Roux-en-Y (Bypass gastrique). Un suivi nutritionnel peut aussi être requis.

Finalement, une autre contre-indication relative sur laquelle vous avez un pouvoir d'action est le fait de fumer. Plusieurs équipes de bariatrique vous demanderont de cesser de fumer au moins 3 mois avant la chirurgie (arrêt de 3 à 6 mois avant la chirurgie bariatrique dans la majorité des centres). Pourquoi? En autre, pour favoriser une meilleure cicatrisation des plaies (internes et externes). Arrêter de fumer n’est pas facile, mais c’est un très beau cadeau santé à s’offrir, même si cela entraine un gain de poids avant la chirurgie bariatrique.

 

À noter, pour les femmes qui souhaitent tomber enceinte, il est recommandé d’attendre minimum 1 an après la chirurgie pour débuter les tentatives. En présence d’obésité morbide, la perte de poids rend plusieurs femmes beaucoup plus susceptibles à une grossesse (moyen contraceptif à ajuster en conséquence). Il faut donc considérer ces facteurs dans la planification familiale.

Pour la femme qui allaite, il est important de savoir que la chirurgie bariatrique pourrait mettre fin à l’allaitement étant donné le stress physiologique important de la chirurgie et la perte de poids rapide qui suit : ce n’est toutefois pas une fatalité. Une information à prendre en considération dans votre choix.

 

La chirurgie bariatrique: est-ce pour vous?

Vous aurez compris que la décision d'avoir recours à une chirurgie bariatrique n'est pas une décision à prendre à la légère. L'évaluation et un suivi par une équipe multidisciplinaire (et encore mieux si interdisciplinaire) est assurément à encourager; minimalement, il faut s'assurer de bien s'informer sur la réalité du quotidien suite à une chirurgie bariatrique pour prendre une décision libre et éclairée.
Bien entendu le chirurgien sera là pour vous guider, mais n'oubliez jamais que vous êtes l'expert de votre vie: vous seul connaissez vos priorités.
Vous aurez compris qu'un suivi nutritionnel par une nutritionniste en chirurgie bariatrique est un incontournable pour optimiser ses chances de succès, mais aussi faciliter le quotidien avec bébé-estomac.

 

* Les troubles du comportement alimentaire sont à évaluer avec une grande attention. Que ce soit la boulimie ou le trouble d’accès hyperphagique (hyperphagie boulimique), ces conditions peuvent entrainer des complications physiques et psychologies non-négligeables. Une évaluation et du support par des professionnels qualifiés sont requis.
Plusieurs personnes n'ayant jamais eu de diagnostics de trouble du comportement alimentaire vivent de grands défis d'adaptation suite à la chirurgie bariatrique tant au niveau de la relation avec la nourriture, relation avec le corps et au niveau de l'image corporelle: ne restez pas seul.

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